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« Carnet d’Europe » Chroniques fédéralistes N° 2014-1
FEDERATION DES COMITES DE JUMELAGE DE L'OISE - FCJO :: ACTUALITES et ACTIVITES DE LA FCJO EN 2014 :: CARNET D'EUROPE
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13052014
« Carnet d’Europe » Chroniques fédéralistes N° 2014-1
Chroniques fédéralistes N° 2014-1
Elections européennes : l’abstention est une insulte à la démocratie, le
populisme une insulte à l’histoire !
Par Alain REGUILLON, président de l’UEF-France, directeur de la publication « Carnet d’Europe »
Les listes se présentant aux élections législatives européennes du 25 mai 2014 sont désormais
déposées. Au-delà des partis dits de « gouvernement », l’éventail est large. Il offre ainsi un choix
suffisant qui ne peut faire accepter l’abstention au motif que l’on ne trouve pas candidat à sa
convenance. Le 25 mai, qui s’abstiendra perdra sa qualité de citoyen ! Il perdra le droit de contester
les décisions prises, les orientations fixées, les candidats élus. Quand on ne vote pas…on se tait !
S’abstenir est d’autant plus absurde que cette fois, au-delà des députés que l’on enverra siéger à
Strasbourg, c’est, indirectement, le choix du président de la Commission européenne que l’on fera.
En effet, une disposition du Traité de Lisbonne dit que le président de la Commission doit être choisi
par les chefs d’États et de gouvernement (le Conseil européen) dans la majorité qui se dégagera du
scrutin.
Profitant de cette ouverture, les grandes familles politiques organisées au niveau européen ont
décidé de présenter leur candidat. Le Conseil européen se serait bien passé de cette initiative tant il
est soucieux de ses prérogatives, d’autant qu’elles lui assuraient, jusqu’à présent, de désigner une
personnalité pas trop forte pour garder la main sur le fonctionnement de l’Union.
Mais voilà, la démocratie s’installe davantage au sein des institutions européennes. Il est normal
que le « gouvernement » de l’Union –c’est-à-dire la Commission- soit élu par la représentation des
citoyens : le Parlement européen.
Nul doute que le Conseil tentera d’imposer son candidat, quitte à sortir de son chapeau une
personne de qualité, issue de la majorité élue le 25 mai, mais en dehors des candidats désignés par
les partis. Si cela était, il appartiendrait alors au Parlement de s’opposer au choix du Conseil et
d’imposer le sien. Ceci étant, il serait bien dangereux pour les chefs d’État et de gouvernement de ne
pas respecter le voeu des électeurs, d’où le besoin d’un nombre majoritaire de votants.
En dernier ressort, c’est le Parlement qui investit la Commission et son président. Il lui sera loisible
de faire valoir sa préférence, sauf à ce que trop faible à cause d’une trop grande abstention, il hésite
à faire front au Conseil. Si cela devait se produire, c’est alors, à nouveau, le « règne » de
l’intergouvernemental qui s’installera, comme cela est le cas depuis 2009, avec les mauvais effets
que l’on connaît.
Il est facile de comprendre pourquoi l’abstention est une faute majeure pour celles et ceux qui la
pratiquent. Une faute que j’apparente à un déni de démocratie.
Votez populiste ou nationaliste est tout autant une faute envers l’avenir qu’une insulte faite
à l’histoire.
L’abstention n’est pas la seule faute qui devrait être commise le 25 mai. Si l’on en juge par les
sondages, les extrémistes et les nationalistes devraient bénéficier d’un soutien important. C’est
incompréhensible pour un pays qui se targue d’être le berceau des droits de l’homme et qui reste le
fondateur principal de la construction européenne.
L’extrémisme de droite est le plus dangereux car il s’inscrit dans la filiation des Pétain, Laval et
consorts, ceux-là même qui, avec l’État français de triste mémoire, ont poussé à l’exclusion et à la
CARNET d’EUROPE
division des Français. Le Front national est un parti xénophobe et raciste qui ne peut qu’accentuer
la fracture qui existe déjà entre Français de souche –pour peu qu’il en reste !- et Français
d’adoption, générations que nous avons largement fait venir dans les années 1960 pour satisfaire
au besoin de notre économie.
Le repli sur soi est la pire des façons de se protéger. Avec moins de 1% de la population mondiale et
moins de 13% de la population de l’Union, la France ne peut pas se permettre l’isolement. Elle le
peut d’autant moins que sa dette est largement détenue par des étrangers et qu’il y a fort
longtemps que ses investissements sont d’origine européenne, américaine, chinoise, voire de pays
arabes.
Dans cette course à l’isolement, les nationalistes rejoignent les extrémistes. Certains ont encore le
syndrome de la ligne Maginot. Ils devraient pourtant se souvenir qu’aucun barrage n’a jamais
empêché les flots de s’écouler dès l’instant où la misère, la criminalité et l’insécurité servent de force
à renverser les frontières. L’immigration tant dénoncée est largement le fait de ces trois
conjonctions. Pour inverser la tendance, il faut une politique commune de l’immigration. Aucun
pays ne peut seul lutter contre. Il faut une police fédérale européenne pour mieux coordonner les
efforts de lutte contre les mafias qui favorisent l’immigration clandestine. Il faut une politique
d’accompagnement du développement cohérente et d’envergure, donc européenne, pour aider
l’Afrique à se stabiliser, à se démocratiser, à maitriser son développement économique. Pour cela, il
faut pousser dehors les régimes dictatoriaux, le droit d’ingérence est, dans ce cas, un droit
d’assistance à personnes en danger.
Alors, vouloir faire porter à l’Europe tous les mots d’une mondialisation que nous ne pourrons
maitriser qu’ensemble est de la pure folie, dont les premiers à pâtir seront les Français s’ils venaient
à suivre les agitateurs d’idioties !
Favoriser le nationalisme, c’est oublier l’histoire. Sans remonter aux années 1930/1940, regardons
près de nous. Avant l’effondrement de la Yougoslavie, des peuples vivaient en bonne intelligence
dans un système fédéral où chacun existait selon son identité et sa religion. Après l’effondrement, le
recouvrement des nationalités a exacerbé les différences et, en un rien de temps, une guerre civile
terrible s’est enclenchée. La Yougoslavie, comme l’Union européenne, vivait pourtant en paix depuis
1945 et personne ne pouvait soupçonner le drame que la désunion a entraîné. Plus près de nous
dans le temps, comment expliquer le drame ukrainien et, là encore, l’opposition meurtrière qui se
dessine entre des femmes et des hommes qui, hier, vivaient paisiblement, si ce n’est par un regain de
nationalisme exacerbé par le nouveau tsar russe, pas plus recommandable que nombre de
dictateurs de la trempe du président syrien.
Il est facile de rejeter sur « Bruxelles » tous les manquements de la France. C’est ce que font, hélas
aussi, d’autres partis plus soucieux de courir après les voix populistes que d’avoir le courage de dire
ce qu’ils proposent vraiment pour redresser la situation et favoriser une Europe plus forte, plus
solidaire, plus sociale, plus industrialisée, plus tournée vers l’avenir.
Ces élections ne doivent pas être un défouloir des mécontentements et des frustrations. Il ne faut
pas se laisser tenter par de mauvais oracles, par de fausses promesses et par le repli sur soi.
Le 25 mai, il faut voter et…voter intelligemment !
Lyon, le 5 mai 2014
Elections européennes : l’abstention est une insulte à la démocratie, le
populisme une insulte à l’histoire !
Par Alain REGUILLON, président de l’UEF-France, directeur de la publication « Carnet d’Europe »
Les listes se présentant aux élections législatives européennes du 25 mai 2014 sont désormais
déposées. Au-delà des partis dits de « gouvernement », l’éventail est large. Il offre ainsi un choix
suffisant qui ne peut faire accepter l’abstention au motif que l’on ne trouve pas candidat à sa
convenance. Le 25 mai, qui s’abstiendra perdra sa qualité de citoyen ! Il perdra le droit de contester
les décisions prises, les orientations fixées, les candidats élus. Quand on ne vote pas…on se tait !
S’abstenir est d’autant plus absurde que cette fois, au-delà des députés que l’on enverra siéger à
Strasbourg, c’est, indirectement, le choix du président de la Commission européenne que l’on fera.
En effet, une disposition du Traité de Lisbonne dit que le président de la Commission doit être choisi
par les chefs d’États et de gouvernement (le Conseil européen) dans la majorité qui se dégagera du
scrutin.
Profitant de cette ouverture, les grandes familles politiques organisées au niveau européen ont
décidé de présenter leur candidat. Le Conseil européen se serait bien passé de cette initiative tant il
est soucieux de ses prérogatives, d’autant qu’elles lui assuraient, jusqu’à présent, de désigner une
personnalité pas trop forte pour garder la main sur le fonctionnement de l’Union.
Mais voilà, la démocratie s’installe davantage au sein des institutions européennes. Il est normal
que le « gouvernement » de l’Union –c’est-à-dire la Commission- soit élu par la représentation des
citoyens : le Parlement européen.
Nul doute que le Conseil tentera d’imposer son candidat, quitte à sortir de son chapeau une
personne de qualité, issue de la majorité élue le 25 mai, mais en dehors des candidats désignés par
les partis. Si cela était, il appartiendrait alors au Parlement de s’opposer au choix du Conseil et
d’imposer le sien. Ceci étant, il serait bien dangereux pour les chefs d’État et de gouvernement de ne
pas respecter le voeu des électeurs, d’où le besoin d’un nombre majoritaire de votants.
En dernier ressort, c’est le Parlement qui investit la Commission et son président. Il lui sera loisible
de faire valoir sa préférence, sauf à ce que trop faible à cause d’une trop grande abstention, il hésite
à faire front au Conseil. Si cela devait se produire, c’est alors, à nouveau, le « règne » de
l’intergouvernemental qui s’installera, comme cela est le cas depuis 2009, avec les mauvais effets
que l’on connaît.
Il est facile de comprendre pourquoi l’abstention est une faute majeure pour celles et ceux qui la
pratiquent. Une faute que j’apparente à un déni de démocratie.
Votez populiste ou nationaliste est tout autant une faute envers l’avenir qu’une insulte faite
à l’histoire.
L’abstention n’est pas la seule faute qui devrait être commise le 25 mai. Si l’on en juge par les
sondages, les extrémistes et les nationalistes devraient bénéficier d’un soutien important. C’est
incompréhensible pour un pays qui se targue d’être le berceau des droits de l’homme et qui reste le
fondateur principal de la construction européenne.
L’extrémisme de droite est le plus dangereux car il s’inscrit dans la filiation des Pétain, Laval et
consorts, ceux-là même qui, avec l’État français de triste mémoire, ont poussé à l’exclusion et à la
CARNET d’EUROPE
division des Français. Le Front national est un parti xénophobe et raciste qui ne peut qu’accentuer
la fracture qui existe déjà entre Français de souche –pour peu qu’il en reste !- et Français
d’adoption, générations que nous avons largement fait venir dans les années 1960 pour satisfaire
au besoin de notre économie.
Le repli sur soi est la pire des façons de se protéger. Avec moins de 1% de la population mondiale et
moins de 13% de la population de l’Union, la France ne peut pas se permettre l’isolement. Elle le
peut d’autant moins que sa dette est largement détenue par des étrangers et qu’il y a fort
longtemps que ses investissements sont d’origine européenne, américaine, chinoise, voire de pays
arabes.
Dans cette course à l’isolement, les nationalistes rejoignent les extrémistes. Certains ont encore le
syndrome de la ligne Maginot. Ils devraient pourtant se souvenir qu’aucun barrage n’a jamais
empêché les flots de s’écouler dès l’instant où la misère, la criminalité et l’insécurité servent de force
à renverser les frontières. L’immigration tant dénoncée est largement le fait de ces trois
conjonctions. Pour inverser la tendance, il faut une politique commune de l’immigration. Aucun
pays ne peut seul lutter contre. Il faut une police fédérale européenne pour mieux coordonner les
efforts de lutte contre les mafias qui favorisent l’immigration clandestine. Il faut une politique
d’accompagnement du développement cohérente et d’envergure, donc européenne, pour aider
l’Afrique à se stabiliser, à se démocratiser, à maitriser son développement économique. Pour cela, il
faut pousser dehors les régimes dictatoriaux, le droit d’ingérence est, dans ce cas, un droit
d’assistance à personnes en danger.
Alors, vouloir faire porter à l’Europe tous les mots d’une mondialisation que nous ne pourrons
maitriser qu’ensemble est de la pure folie, dont les premiers à pâtir seront les Français s’ils venaient
à suivre les agitateurs d’idioties !
Favoriser le nationalisme, c’est oublier l’histoire. Sans remonter aux années 1930/1940, regardons
près de nous. Avant l’effondrement de la Yougoslavie, des peuples vivaient en bonne intelligence
dans un système fédéral où chacun existait selon son identité et sa religion. Après l’effondrement, le
recouvrement des nationalités a exacerbé les différences et, en un rien de temps, une guerre civile
terrible s’est enclenchée. La Yougoslavie, comme l’Union européenne, vivait pourtant en paix depuis
1945 et personne ne pouvait soupçonner le drame que la désunion a entraîné. Plus près de nous
dans le temps, comment expliquer le drame ukrainien et, là encore, l’opposition meurtrière qui se
dessine entre des femmes et des hommes qui, hier, vivaient paisiblement, si ce n’est par un regain de
nationalisme exacerbé par le nouveau tsar russe, pas plus recommandable que nombre de
dictateurs de la trempe du président syrien.
Il est facile de rejeter sur « Bruxelles » tous les manquements de la France. C’est ce que font, hélas
aussi, d’autres partis plus soucieux de courir après les voix populistes que d’avoir le courage de dire
ce qu’ils proposent vraiment pour redresser la situation et favoriser une Europe plus forte, plus
solidaire, plus sociale, plus industrialisée, plus tournée vers l’avenir.
Ces élections ne doivent pas être un défouloir des mécontentements et des frustrations. Il ne faut
pas se laisser tenter par de mauvais oracles, par de fausses promesses et par le repli sur soi.
Le 25 mai, il faut voter et…voter intelligemment !
Lyon, le 5 mai 2014
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